Relire E.DEMING en temps de crise

Un système fonctionne à l’image d’un bon orchestre. C’est l’interaction de ses membres, (composants, organes) qui donne le résultat, non la performance individuelle exceptionnelle. Si chacun joue sa partition à son rythme et sans soucis des autres, c’est la cacophonie, le chaos, le cancer… cela tue le système. Deming qualifie de fou celui qui immolerait l’organisme au profit d’un seul organe, voué aussi à disparaitre.

Or, il est clair aujourd’hui que dans nos sociétés occidentales… disons mondiales, certains veulent tout le gâteau pour eux seuls et tout de suite. Normal, il faut jouir ici-bas au maximum parce qu’après… s’efforcent-il de croire, c’est le néant.

Si, au contraire, nous agissons comme des organes interactifs d’un même organisme, en prenant du recul, d’une même planète, sans égoïsme, alors nous survivrons. Nous y gagnerons tous.

Après tout, est-ce que je vivrai mieux, moi, si je tue mon voisin ?

C’est ce que semblent penser les dirigeants des holdings internationales et les gouvernements qui les servent…au dépend des PME qui emploient pourtant les femmes et les hommes qui constituent la société.

Alors, voulez-vous un monde de robots totalitaires et des humains qui crèvent ?

Si oui, nous ne travaillerons probablement jamais ensemble.

Il est temps de penser différemment, la crise le montre :

Deming, qui déjà à son époque montrait la direction hors de la crise dénonce plusieurs attitudes létales pour le système. Les élites les ont néanmoins suivi toutes parce qu’elles ont fait leurs preuves : la destruction. Voici quelques points :

Chacun pour soi dans un monde cruel :

– Compétition dès l’école maternelle, jusqu’aux « grandes écoles de management » ,

– Management par objectifs arbitraires pour complaire aux exigences des actionnaires,

– Affichage du meilleur et du pire collaborateur ou fournisseur – subissant pourtant les causes communes du système sur lesquelles ils n’ont point d’influence. (Nous y reviendrons)

J’ajoute « autismation » des foules par la TV, les réseaux  «a-sociaux » les stupid-phones (qui n’ont rien de smart) et toute sorte de désinformation haut-débit.

Le management par la peur : « Si t’es pas content (docile ?), d’autres attendent ta place ! »

Manque de confiance envers les exécutants (dont le travail a perdu du sens)

Flicage, télésurveillance, pointage etc…

Perte de confiance envers les chefs,

Fausse participation des employés aux débats les concernant et dont l’issue est déjà actée ;

Au final, perte de confiance individuelle.

Sur-spécialisation des compétences => personne ne connait le processus de A à Z,

Système de management par la carotte et le bâton,

Diktat du court terme par des principes financiers de la spéculation boursière,

Slogan « Safety First » qui protège surtout les assurances avant les personnes.

Etc…

Bien sûr, toutes les sociétés ne cumulent pas tous ces travers et certains managers essayent de faire ce qu’ils peuvent en conscience, mais c’est la funeste tendance.

Ce n’est pas si nouveau, Jean de La Fontaine donnait déjà aussi l’alerte dans « la poule aux œufs d’or » pour la folie du gain à court terme, dans « l’hirondelle et les petits oiseaux » pour les donneurs d’alerte hués par la foule sourde aux dangers, dans « le chêne et le roseau » pour l’outrecuidance des grands inflexibles.

Or, tout n’est pas perdu. Nous pouvons repenser l’économie de nos PME par des actions pragmatiques en nous recentrant sur les fondamentaux. La Total Productive Maintenance et son frère jumeau le Total Quality Management mettent l’homme au cœur de la réalité.

Ce ne sont pas des boites à outils dont bon nombre de consultants font usage, certes souvent efficaces à court terme, mais plus rarement durables.

 Il s’agit de la maitrise de ses processus, de façon factuelle, avec de vraies données, non défigurées par des objectifs démagogiques. Il s’agit de la réelle implication des hommes dans leur processus. Au-delà des méthodes couramment utilisées, c’est la compréhension du système global qui importe.

De là, la conduite du changement est essentielle pour faire accepter volontairement par les parties prenantes certains changements dans leurs habitudes.

 Ceci est difficile car le changement est toujours un peu frustrant individuellement.

Chacun aura à sortir de sa zone de confort et accepter des concessions pour le bien de l’organisme dont il fait partie intégrante, et in fine pour son bien propre.

Là encore, ce n’est pas de la magie, mais un processus à respecter.

Pour que cela fonctionne, chacun doit avoir une vision claire des enjeux de son travail :

L’orientation client (externe comme interne) est capitale : C’est la tête.

La fluidité des processus organisés et visibles pour chacun : Le squelette.

La connaissance du travail à faire, l’intention de bien faire, et les conditions pour le réaliser en sont les muscles et les organes.

Le management par la communication et le savoir serait le système capillaire et nerveux.

TRUE PEOPLE  s’efforce de transmettre ces valeurs sérieuses sans se prendre au sérieux.

Détérioration naturelle et détérioration forcée.

Détérioration naturelle et détérioration forcée.

Ce sont les deux types de détérioration des équipements que présente Kunio SHIROSE (JIPM : TPM for workshop leaders).

La détérioration naturelle est le vieillissement inévitable des composants, en dépit d’un entretien irréprochable. Pour mes lecteurs de moins de quarante ans pour qui la notion d’usure est moins sensible, prenez l’exemple des pneus de votre voiture qui s’useront même si vous êtes méticuleux.

Petite remarque au passage, si vous avez acheté « low-cost » une qualité médiocre, l’usure ou la performance de vos pneus (composants) risque de vous couter bien plus cher. Il y a donc des situations ou l’inévitable pourrait quand même être retardé.

La détérioration forcée ne devrait pas arriver. Pour les pneus, si vous driftez autour de tous les rond-points, même vos super-pneus ne résisteront pas longtemps. Pour un équipement industriel c’est souvent plus subtil… Une vis manquante sur six peut commencer d’induire une vibration ; (C’est pour cela que le fabriquant a mis autant de vis) ; un amas de copeaux dans un mécanisme, un fluide sur un contacteur… et maintes autres petites anomalies peuvent détériorer le matériel et conduire à des aléas graves. TRUE PEOPLE.